Mario d’Souza
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Concept

Mario d’Souza

Depuis plus de vingt ans, j’ai fait de Home away from Home — ce chez moi, ailleurs — mon mantra. Indien de naissance et français d’adoption, deux identités très distinctes, je possède une conscience profonde du schisme interpersonnel et sociétal qui peut émaner des syncrétismes culturels. Cette recréation de la sphère intime, du Home away from home, au gré de mes voyages s’est mue en une allégorie universelle qui transforme la divergence en convergence, qu’il s’agisse de la parole, de l’art, de la communication, du développement personnel, de ma relation à l’autre, des rituels ou du dialogue avec des individus du monde entier.

L’artisanat et ses objets sont au cœur de ma recherche créative et à travers la biodynamie de la nature et de la vie, l’art et mon parcours hybride, je cherche à éveiller la conscience de la pensée, des principes spirituels, du multiculturalisme, des migrations, de l’identité et de la nécessaire exploration des « moi » intimes. Mon processus de création puise dans mes interactions avec des artisans locaux, la collecte d’objets mis au rebut et l’énergie de la vie quotidienne, s’inscrivant ainsi dans un véritable dialogue collectif. Le bien-être, tant intérieur, personnel, qu’avec mon environnement, est un concept central dans mon art. Pour cultiver ces dialogues intérieur et extérieur, j’accompagne ma démarche de conceptualisation de rencontres avec des artistes et d’échanges à travers des ateliers dans des galeries, des prisons, des écoles, des hôpitaux et des musées. Mon message devient ainsi audible et vivant pour mon public.

Plusieurs éléments et moyens me permettent de représenter mes croyances profondes. Ils sont le fil conducteur de tout mon art. À travers le prisme de l’art, ils sont ainsi devenus les métaphores de mon message. Les mains en font partie. Elles sont l’écran à travers lequel je vois la vie. Les mains d’une personne, et leur fonction dans sa vie, reflètent sa psychologie et son moi intime. Qu’il s’agisse de mains qui travaillent, creusent et ensemencent la terre, de mains qui pratiquent des rituels ou tout simplement de mains en mouvement, elles sont l’essence même du travail. Elles sont l’outil fondamental du travail des hommes.

La chaise, autre medium dans mon travail, est également un élément métaphorique fort dans mon processus artistique. Elle représente, dans sa symbolique, le droit de vote, la voix, le confort, la recherche d’espace et le pouvoir. En cela, elle embrasse un large éventail de significations. Par exemple, on peut me proposer une chaise ou je peux la prendre. L’assise d’un roi est plus haute que celle de ses sujets : sa chaise est un trône. Dans d’autres cultures, les gens s’assoient par terre, non sur des chaises. Chaque scénario diffère dans la dynamique et le contexte dans lequel il prend forme.

La couleur et les textures sont d’autres éléments récurrents que j’explore dans mon travail. Elles apportent, à mon sens, une identité forte. Je dessine sur du papier de couleur et je recherche la couleur dans ma vie, physiquement et métaphoriquement. Enfant, on m’a appris à la chérir. Ma famille possède une collection de saris qui se transmettent de génération en génération, tous plus beaux, éclatants et colorés les uns que les autres. Le tissu peut être disposé de différentes manières : il peut être plié, et occuper ainsi moins d’espace, ou encore étendu sur toute sa surface.
Observer comment ces éléments ancrés dans leur symbolisme culturel sont utilisés au quotidien par les personnes avec qui j’interagis a ainsi orienté ma philosophie, devenant une source d’inspiration dans mon processus de création artistique. M’envelopper dans la culture de l’Autre et prendre part à son expérience : c’est la démarche originelle que je cherche à partager et à figurer dans mon art, et qui est aussi au cœur de mon swaddharma, « Home away from Home ».