Mario d’Souza
SPIP

Bénédicte Ramade

Commissaire d’expositions

Des tubulures de chaises modestes, courantes. On ignore même le nom de leur concepteur. Pourtant elles aussi appartiennent au domaine du design comme les époux Eames, concepteurs de chaises dans les années 1940 aussi célèbres que la DCW mise au point avec des technologies militaires permettant de travailler le pliage et la courbure du contreplaqué. Des formes ultra célèbres qui n’ont jamais connu les lois de la péremption.

Les chaises que récupère Mario D’Souza n’ont pas le même pédigrée mais sont aussi célèbres puisqu’elles appartiennent à l’inconscient collectif des écoles et salles municipales. Elles ont perdu leur assise, conservant simplement cette ligne de métal (leur signature) qui les rapproche du dessin dans l’espace, de la sculpture abstraite. Les plaques de mousse qui servent à cet exercice de forme sont, elles, parfaitement neuves. D’un blanc impeccable ou d’un jaune lumineux, elles se plient au format imprimé par ces cadres rigides pour devenir des sculptures minimales.

Dans Fountains of life, les deux chaises se transforment en causeuses au mouvement emphatique et délicat, un jeu d’équilibre unique. Car chacune de ces chaises l’est devenue, passant de la production en série à l’objet unique. Mario D’Souza travaille ces paradoxes matériels, un cadre rigide et une matière souple, une fonction et une abstraction, une origine basse et un résultat raffiné.

Quant à Blind comfort, les blocs de mousse se règlent à différentes hauteurs et composent des monolithes majestueux, variation sur le thème minimal : soit deux ingrédients parfaitement identiques mais deux identités radicalement différentes dans l’espace.