Mario d’Souza
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SPIP

Sense of Power, Slowmade Creations

Mobilier National 2018

Cultiver un jardin-monde by Mathieu Lelièvre (Directeur artistique de la Fondation Fiminco)

L’œuvre de Mario d’Souza ressemble parfois à un jardin exotique et délicat, riche de couleurs et de senteurs. Quand il projette des pailles en plastique, des rubans, du tissu moiré ou encore de l’encre, ce vocabulaire organique semble évoquer la façon dont l’orchidée jette ses racines dans le vide avec un l’angle qui témoigne autant d’une recherche aveugle d’un point de chute, que du contre-balancement d’un équilibre qu’elle finit par atteindre. Cette métaphore pourrait s’appliquer à l’artiste lui-même, équilibriste entre les cultures et les époques. Les emprunts qui constituent son vocabulaire artistique pourraient sembler joindre l’injoignable et c’est pourtant grâce à la grande subtilité de son expérience personnelle et de sa perception du monde qu’il réussit l’exploit d’engendrer une œuvre à la fois sincère et pertinente. En croisant les arts et les arts décoratifs indiens et européens, il parvient à traduire avec justesse la séduction de l’ailleurs et le goût de l’exploration qui l’émerveillent tout en créant un nouvel univers qui ne se laisse pas réduire à un syncrétisme. En jouant avec les codes de l’orientalisme, Mario d’Souza s’approprie l’histoire. La rencontre entre l’art et l’objet est pour lui une occasion de jouer avec le souvenir et le quotidien, et de permettre à son vocabulaire constitué avec patience et curiosité de faire irruption dans la réalité historique, symbolique et sémantique du spectateur. L’art de la disposition qui caractérise son œuvre pourrait rappeler la tradition japonaise florale de l’Ikebana. Cette philosophie de l’équilibre trouve un écho inconscient dans la façon dont il s’appuie sur le poids de l’objet ou de l’eau dans sa peinture pour construire sa composition, et les dispositifs aussi naturels que savants qu’il emploie pour disposer les formes dans l’espace. Initiant de puissants arrangements qui intriguent et séduisent, il plonge son spectateur dans des installations à la fois complexes, transhistorique et transculturelle qui conduisent ce dernier à s’interroger sur son propre rapport au temps et à l’espace. Mario d’Souza est un jardinier de la composition, du temps et de l’Histoire. Etre chez soi ailleurs et ailleurs chez soi aboutit à une contribution singulière aux stratégies de l’appropriation relevant de l’hybridité culturelle, et c’est précisément dans cet équilibre que repose la contemporanéité de son œuvre.